mercredi 17 février 2010

L’Oiseau de feu

Soundbeat Magazine

Benu, c’est d’abord une femme. Seule sur scène, avec pour simples atours , un grand drap blanc immaculé. Cet accessoire éthéré est le second personnage de l’histoire. Tout au long de la pièce, il aura différentes significations. Mis en boule, ce sera le nourrisson, plus tard, la grand-mère. En mouvement dans les airs, il incarne Benu, l’Oiseau de feu qui, dans la mythologie égyptienne, représente l’âme de Ré. Pour l’artiste D'bi young, le tissu est également un costume et un instrument de narration.

En arrière scène, deux musiciens, Waleed Abdulhamid et Laurence Stevenson, accompagnent délicatement la jeune femme d’origine jamaïcaine. Le balafon et le violon se marient à merveille dans cette composition. Lorsque les spectateurs prennent place dans les gradins du théâtre La Chapelle, ils sont tous les trois à leur poste. D'bi young nous sourit droit dans les yeux. Un tête à tête entre elle et le public s’apprête à commencer.

Sans crier gare, elle explose de paroles et nous plonge dans son histoire. Elle a donné naissance à une petite fille. Son énergie captive le public et met quelques spectateurs dans l’embarras, tant la confrontation est abrupte. D'bi young occupe l’espace à elle seule, virevoltant d’un personnage à l’autre. Elle passe avec aisance du conte à la poésie dub (poésie jamaïcaine psalmodiée sur la musique), elle danse, saute et s’arrête le temps d’une confession. Le mélange des genres est délicieux.

Benu est le second volet de la trilogie sur la naissance intitulée Sankofa. D'bi young, née à Kingston, évoque son enfance jamaïcaine. Devenue mère, elle raconte l’histoire de la sienne. Les effluves et les couleurs de la Jamaïque remontent avec force. On y est, une jeune fille devenue mère trop jeune a été bannie. Une jeune femme devenue mère à son tour essaie de comprendre. Emprunt de mysticisme, la performance de la Torontoise, D'bi young, n’est pas sans humour.

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